Shangri-La

BD, Coups de coeur

Shangri-La – Mathieu Bablet

Ankama – 19.90 €

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Shangri-la, superbe one-shot space-opéra signé Mathieu Bablet, est la très bonne surprise de cette rentrée littéraire BD !

L’action se déroule dans un futur relativement lointain. La Terre est devenue inhabitable depuis l’implosion du soleil, et l’humanité se trouve confinée sur une station spatiale. La vie sur la station est entièrement gérée par Thianzhu Entreprises, gigantesque société qui a le monopole sur absolument tout : des télécommunications, à l’alimentation en passant par le logement, l’éducation et les services. Les humains travaillent pour Thianzhu afin de gagner de l’argent qu’ils pourront dépenser auprès de la société Thianzhu qui continuera à les employer pour fabriquer les objets qu’ils consomment… La publicité est bien sûr omniprésente sur la station et matraque à coups de femmes nues des injonctions à consommer.

Afin de canaliser les haines et la violence présentes dans toute société, Thianzhu a créé une race d’humains animoïdes (humains à têtes d’animaux). Ceux-ci sont régulièrement molestés par les humains, qui trouvent en eux les victimes idéales de leur racisme latent.

Nous suivons le destin de deux frères, Scott et Virgile qui ont des visions diamétralement opposées de leur situation. Scott se satisfait de ce système, et du bonheur de pacotille qui lui est offert. Il pense que sur la station, aucun système ne pourra être meilleur que celui-ci. Virgile, lui, est en rébellion contre ce système qu’il compare à un totalitarisme accepté.

Peu à peu, une rébellion va naître… elle atteindra son paroxysme lorsque les scientifiques de Thianzhu vont annoncer qu’ils sont en train de créer une nouvelle race d’humains : l’homo stellaris, en vue de peupler Titan, satellite qui vient d’être terra-formé. Pourquoi l’humanité resterait-elle confinée dans cette station alors que de nouveaux êtres vont avoir la chance d’habiter une planète « vivable » ?

Cette BD est tout simplement fantastique, portée, pour ne rien gâcher, par un superbe dessin. La part d’anticipation est si juste que l’on peut faire des rapprochements avec des évènements et thématiques contemporains : le capitalisme forcené et la société de consommation à outrance qui sont venues remplacer les dictatures du passé. Les révolutions qui laissent les pouvoirs en place indifférents, comme un mal nécessaire qui ne fait qu’enfermer la population dans l’illusion d’être encore libre. Les minorités qui deviennent les souffre-douleurs exutoires d’une population en souffrance…

Tout ceci en 224 pages ! Le scénario est si bien construit que l’histoire aurait aisément pu donner lieu à une longue série… C’est là tout le talent de Mathieu Bablet.

A découvrir absolument !

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